Emerence Baud, voyageuse malgré elle.

Je suis née en 1982 dans une petite ville française réputée pour son vin blanc -et oui on a la classe ou on l’a pas- et j’ai eu une enfance plutôt tranquille dans une petite famille où j’ai été la seule enfant. Je suis allée à l’école primaire puis secondaire. Faut bien avouer que les études m’ont toujours plutôt poursuivie sans jamais vraiment réussir à me rattraper jusqu’à ce que je trouve ma voie : prendre soin des animaux. J’ai donc survécu jusqu’au bac que j’ai du faire en scientifique avant de passer par une prépa puis un concours puis une école. Moi qui n’aimais pas les études j’ai été servi mais à partir du moment où j’avais trouvé ma voie c’était bien plus facile, cela me passionnait. Bon j’ai toujours eu aussi quelques facilités qui m’ont permis de combler le retard que j’avais pris dans mon début de scolarité. Bref tout ce petit laïus chiant pour dire que j’ai enfin pu travailler vers mes 25 ans, bien heureuse d’en avoir finir avec les études.

J’aurais pu devenir un grand vétérinaire, un as des as mais c’était sans compter sur cette nuit étrange lors de mon 26ème anniversaire, cette petite lumière, cette intuition que quelque chose était là pour foutre en l’air toute ma vie. Trop curieuse Emerence… Bien trop curieuse… Alors que j’avais ma petite vie pro, un mec plutôt sympa depuis quelques mois je me suis retrouvée soudainement sur une plage. Une plage quoi ! J’ai cru que j’avais rêvé quand mon regard s’est posé sur la mer, j’ai voulu revenir en arrière, repartir chez moi mais rien. Impossible. J’ai alors rencontré des gens qui parlaient anglais clairement… Et qui vivaient dans un monde étrange. Plus rien n’existait, c’était comme dans un film, comme dans un putain de film post apocalyptique, un monde où la nature a repris ses droits car on a grave déconné et qu’elle nous a donné une petite leçon dont on se souviendra. Je fus vite considérée comme folle à parler de mon monde, a ne pas savoir où j’étais, à ne pas comprendre, à me souvenir d’une époque que les gens avaient oublié…

J’ai été mise de côté, j’ai appris à survivre, je me suis trouvée une vieille bâtisse qui tenait debout par je ne sais pas quel miracle pour pouvoir y vivre avec d’autres personnes. A parler d’un passé que personne ne se souvient, d’une route mystérieuse, je suis devenue une folle pour beaucoup et en même temps une espèce de mystique. Une blague mais ce statut m’a permis de me faire un petit groupe de filles qui sont devenues des amies. Ca fait maintenant deux ans que je suis là… Une éternité pour moi… Si seulement je retrouvais ma maison…

Je sais que tu es là ! Route, Chemin, Passage,… « Quoique tu sois je sais que tu es là ! » Cela fait deux ans que je reviens tous les jours à cet endroit en pensant que je vais te retrouver et rentrer chez moi. Certes je ne reviens plus tous les jours, parfois je passe plus de temps à organiser les vivres de notre petit refuge mais ça n’empêche que je passe jamais trois jours sans revenir et espérer. Espérer quoi à vrai dire ? Cela fait deux ans que je suis partie, deux longues années que je suis dans ce siècle à essayer de survivre et je veux rentrer. Mais qu’est ce que je vais retrouver ? Est-ce que je vais enfin revenir à mon année ? Est-ce que j’aurais disparu deux ans ? Est-ce que les gens se souviendront de moi ? Et si je pouvais revenir, peut être que je pourrais aider à empêcher que ce monde existe ? Quoique… Je ne suis pas dans un film, est ce que je pourrais seulement faire quelque chose ? Après tout ce monde est ce qu’il est et je connais des personnes que j’apprécie.

Je finis par taper dans le sable et m’assoie par terre en regardant la mer un peu dépitée. En fait je ne sais pas ce que je veux faire et ça me saoule. Dans ma capuche Zia, ma petite ratte noire, sort le bout de son nez et je soupire. « C’est chiant tout ça tu sais… » J’ai envie de retrouver les miens, mes parents me manquent, mes amis me manquent, mon copain me manque. Si ça se trouve c’est un con mais c’est pas grave il me manque quand même. Est-ce qu’ils me cherchent ? Est ce qu’ils n’existent plus ? Est-ce que le temps est passé pareil pour eux ? J’en sais rien. En fait je ne sais rien et c’est ce qui m’énerve le plus. Je finis par poser la tête sur mes genoux en gratouillant la tête de mon petit animal que j’ai sauvé d’un matou sauvage y’a peu.

Soudainement un bruit attire mon attention et je me relève rapidement, sortant mon révolver de ma poche pour le pointer sur l’intrus qui vient d’arriver dans mon dos. Ce monde ne permet plus de faire confiance à quiconque. La survie entraîne des choses horribles, j’ai DU faire des choses horribles aussi je suis devenue méfiance, sur la défensive. Je t’observe, toi qui viens d'apparaître et semble un peu perdu aussi. « Qui es tu ? » Que viens-tu faire ici avec ton grand bâton et tes vêtements étranges. « Que veux-tu ? » Je suis armée mais je me servirais de mon arme qu’en dernier recours car comme toute chose les minutions sont comptées et peuvent être bien plus utiles à la survie. Mais je te pointe quand même, une femme dans ce monde a intérêt à devoir savoir se défendre si elle veut avoir des droits sur sa vie et son corps.