Sinéad | Sombre Seelie

Véritable apparence › Si tu aimes te donner une peau sombre pour indigner la cour d'été, sous le glamour que tu portes ta peau est d'un doux doré, aussi chaleureux que le miel. Tes cheveux d'un ébène profond tombent dans un désordre bouclé jusque tes reins et tes yeux portent la couleur émeraude des prés de printemps. Seules tes ailes graciles comparables à celles des libellules ne sont que rarement dissimulées par tes illusions. Une apparence à la beauté indéniable qui reflète ce qui a été et n'est plus. Ton glamour, lui, reflète ce qui est devenu et n'aurait pas dû être. Triste avenir pour les spectateurs mais tu t'en réjouis. Ton passé d'innocente aux belles paroles est révolu et tu embrasses ton présent avec joie. L'avenir n'a jamais été innocent après tout.

Main de glamour › Tu possèdes la magie lumineuse de tes frères et sœurs Seelie mais ta main est bien plus sombre. Avoir des notions de l'avenir, du futur, est bien plus redoutable que l'on pourrait croire en premier lieu et tu es bien placée pour le savoir. Tu es chanceuse dans ton malheur, tu ne captes bien souvent que des flashs trop brefs pour être véritablement utiles. Lorsque le souverain de ton sidh demande une vision de l'avenir pourtant, tu prends soin de te gorger de glamour et tu peux avoir connaissance de bien des choses déterminantes pour le futur. C'est un don à manier avec précaution pourtant et tu ne l'utilises que peu, consciente du prix que le futur réclame si l'on joue avec lui.

Sidh › Si l'on peut te trouver en majorité à la cour Seelie, te localiser peut paraître bien ardu. Les Sidh qui t'accueillent le plus souvent sont ceux d'Aengus à la séduisante joie perpétuelle, d'Etain aux paroles charmeuses auprès de qui tu as beaucoup appris dans ta jeunesse et de Badb aux dons prophétiques précieux.
Ta loyauté est précieuse cependant et ce n'est autre que Kernunnos, le Grand Cornu, qui l'a remporté. Bien longtemps auparavant, lorsque la noirceur t'entourait, c'est lui qui a éclairé tes journées et pour cela, petite égoïste, tu lui réserves ta fidélité. Ton comportement peut bien être aussi loin de ses valeurs que celui des Fomoires, le Dieu-Cerf est bien le seul que tu ne trahiras jamais. Une loyauté que tu déguises et caches aux yeux de tes semblables.
Stupide est celui qui exhibe ses sentiments et ne les garde pas de ses ennemis.

Tu es née il y a bien longtemps, parmi les premiers. Tu es une Sidhe, l'une des premières après ceux qui sont devenus Dieux. Ton vieil âge t'a vu changer drastiquement au fil de l'éternité, sans jamais bafouer tes valeurs pourtant.

Dans tes jeunes années, tu étais surnommée belle âme et ton sourire éclairait les cœurs aussi bien que les visages. Tu n'avais que peu participé aux guerres successives de ton peuple de guerriers. Tu étais à l'époque une fleur à peine éclose malgré les nombreuses années que tu avais traversé. Ton don prophétique était bien plus utile en arrière-ligne que tes capacités guerrières peu développées. L'exil du Petit Peuple dans le monde d'En-Bas t'avait peu émue, la beauté de ce lieu magique t'émerveillant tout autant que celle d'En-Haut. Tout comme les saints que le tardif christianisme apporterait sur l'île d'Erin, tu étais un exemple de générosité envers tous et l'une de celles que l'on surnommerait bien plus tard les fées marraines. Tu étais convaincue à l'époque que les dons devaient servir à aider notre prochain. Pauvre innocente aux yeux voilés par la lumière de ta cour.

Jouer avec le temps n'est jamais bon, même lorsque la main du glamour donné à la naissance est de percevoir l'avenir. Les conséquences des guerres, où tu avais joué un rôle plus grand sous l'égide de Badb que tu ne l'admettais, s'abattirent sur tes proches. Pas toi, jamais toi, toi tu ne faisais que souffrir en regardant les flashs d'avenir prédisant la fin de tes amis et ta famille puis en les vivant. Tu te retrouvas seule, te pensant maudite et n'osant plus approcher quiconque. Titania s'inquiéta, petite protégée que tu étais, mais tu la repoussas également. C'est en la fuyant que tu rencontras Kernunnos. Les mots qu'il te dit ce jour-là restèrent inconnus de tous et te redonnèrent la force de vivre. Les événements étaient trop graves cependant pour que tu restes l'innocente belle âme que tu avais été. Tu te replias sur toi-même, te concentras sur ton propre plaisir, ta propre sauvegarde. Oh, cela n'avait pas été soudain, ça avait même été plutôt lent. Pourtant, lorsque le christianisme arriva aux portes de l'Irlande, on ne te connaissait déjà plus que comme la fée rebelle à la peau sombre dans la cour de lumière et ceux qui se souvenaient taisaient la vérité. Tu es plus redoutable que ta frêle apparence ne le laisse soupçonner et bien assez patiente pour orchestrer la chute de tes ennemis sur des millénaires.

Tes errances dans les différentes époques, les différents mondes, te ravissent. La vie En-Bas est faite de joies et de complots mais c'est avec les humains que tu tisses véritablement les fils de tes intrigues. Ils sont, après tout, les pions parfaits pour tes jeux et, par chance pour toi, peu d'entre eux sont innocents. Leur sort t'importe bien peu, tout ce que tu veux c'est jouer et c'est plus amusant avec ces êtres aux vies éphémères et à la morale si forte qu'elle les torture, qu'avec tes semblables, susceptibles et violents. Il t'est pourtant déjà arrivé d'orchestrer la chute de certains de tes ennemis parmi les feys, lorsqu'ils ne t'amusent plus. Ce sont des événements rares car longs à instrumenter mais toujours jubilatoires lorsque tu vaincs.
Sidhe capricieuse que tu es, où es la belle âme de ta naissance ?

Tes ailes s'agitent alors que tu restes en suspension devant une route magique, les bras autour de tes jambes repliées contre ta poitrine, attendant patiemment que l'humain le traverse. C'est un spectacle impressionnant, tu l'admets facilement. Les paysages ont toujours eu le mérite de t'époustoufler, ceux d'En-Bas comme ceux d'En-Haut. Tu as devant toi une paisible plaine à la  couleur de l'herbe d'été. La berge meurt si délicatement contre le plan d'eau qui n'en finit jamais que l'on ne voit presque pas l'inclinaison de la terre. Les nuages forment une peinture que tu scrutes de tes yeux d'un hazel sombre et tes lèvres forment un délicat sourire alors que tu t'imprègnes de l'atmosphère sereine du lieu magique. Tu sais que cela ne durera pas. Bientôt un humain traversera le plan d'eau pour s'échouer sur l'herbe verte et tu joueras avec lui pour obtenir ce que tu souhaites. Ce n'est pas grand-chose en apparence, un simple bijou et un service à rendre, mais cela signifiait bien plus pour toi.

Un bijou que tu pourras enchanter pour lui rendre sa faveur.
Un service pour gagner l'amitié d'une petite fée.

Tu sais que la solution plus simple serait de demander à la fée, de rang moindre, de te rendre un service directement. La simplicité est rarement la sagesse cependant. Seuls les idiots prendraient le risque de s'endetter auprès d'un membre du Petit Peuple et tu es loin d'être idiote. La faveur de l'humain sera moins dangereuse pour toi que celle de la fée.

L'étang, auparavant lisse comme un miroir s'agita et tes yeux rêveurs s'animent du plaisir pétillant de l'anticipation. Tu déplies tes membres et découvre des dents aussi blanches que les perles marines des Fomoires dans un sourire rayonnant. L'homme vient de s'échouer sur la rive et tu t'en approches avec empressement, te posant avec délicatesse à ses côtés. Tu le retournes sur le dos et le laisse reprendre sa respiration, le dévisageant avec avidité. Il est bel homme pour un humain, c'est une chance. Tu aurais charmé un homme au physique ingrat également mais ça aurait été bien moins amusant. Tu détailles ses vêtements et sourit d'autant plus en devinant qu'il ne venait pas d'une époque trop avancée, il en serait plus facile à convaincre. Il ouvre les yeux en papillonnant des paupières, visiblement perdu et angoissé. Puis son regard se pose sur toi et s'écarquille. Tu lui souris tendrement et caressa sa joue du bout des doigts.

« Qui es-tu, homme ? »

Il reste bouche-bée, des mots incohérents se forment dans sa bouche et tu laisses échapper un rire clochette dépourvue de méchanceté. Tu as l'habitude de cet effet que tes semblables et toi provoquer chez les autres races, plus encore les races mortelles. Tu n'en attendais pas moins de cet humain. Il répondit finalement, d'une voix peu assuré, avec une expression un peu attendrissante, complètement perdu et ne sachant comment réagir.


« L-Liagan, fils d'Orlam. E-et, et vous belle dame ?
—Quelle imprudence, ris-tu avec bienveillance. On ne demande pas son nom à une fée voyons.
— U-Une fée ? »

Tu souris pour toute réponse et il déglutit. Tu passes une main tendre dans ses cheveux mouillés et l'aide à se relever. Les minutes qui suivirent ne furent que rires délicieux, mots murmurés à l'oreille et séduction. L'homme parait ne pas croire en sa chance et accepte sans méfiance d'aller parler à la fée en ton nom. Tout pour vous faire plaisir, belle dame. Tu laisses échapper un rire ravi qui ricoche sur l'écorce dure des arbres comme sur du cristal et le récompenses d'un baiser. Il en est comme transporté et part sur le champ, te laissant entre les mains une mince bague de bronze qu'il tient de sa mère.

« Je la garderais précieusement jusqu'au jour où nous nous reverrons, Liagan fils d'Orlam. »

Ton sourire ne s'évanouit pas alors qu'il s'éloigne dans la plaine, en direction de la forêt. Au contraire, il s'élargit. Tu as entre les mains une bague susceptible de servir de contre-don une fois enchantée, l'homme à qui elle appartient et bientôt la fée qui te conduira à la sirène. Ton but n'est pas la sirène, bien entendu, cela serait trop facile. Non, tu veux prendre contact avec la fille d'une de tes rares amies et qui mieux qu'une sirène pour te conduire à une autre sirène ? La Perle des mers elle-même.

Un rire perlé s'échappe de ta bouche alors que tes doigts à la peau sombre repoussent tes cheveux envahissants de tes yeux. Ce nouveau jeu va être amusant. Tu te demandes combien d'intermédiaires tu auras besoin pour atteindre Fand. Certainement beaucoup plus que tu en aurais eu besoin pour retrouver cette sirène, fille de Darerca.
C'est cependant le chemin qui mène à ton but qui t'amuse le plus, la finalité n'est que bonus.