Eòghan - Druide noir, fils de Badb

Manipulation de la magie › Eòghan est fourbe. A toutes confrontations, il préfèrera la subtilité à la voie directe. Cependant, il lui arrive quelque fois de faire démonstration de son potentiel destructeur.
A l’aide son enseignement de barde, il se joue des esprits les plus faibles et influençables pour accomplir ses plus basses besognes. Il lui arrive parfois de se jouer des autres druides comme d’user de ce talent pour assouvir ses besoins, quel qu’ils soient.

Sa voix, capable de murmures perfides, est aussi susceptible de tonner tel un orage pour imposer sa volonté aux plus grands nombres.
Sa maitrise de l’air a contribué à sa triste réputation, se servant de celle-ci pour déclencher ouragans et tempêtes, on a d’ailleurs souvent associé sa présence à l’annonce d’un cataclysme imminent.

Le druide noir ajoute à son arsenal, un don pour la stratégie qu’il a reçu de sa divinité. Celui-ci lui permettant d’ourdir complots et manigances autant que de se sortir de situations jugées délicates.

Les divins › Eòghan a naturellement prié Dagda ainsi que Étain lors de son apprentissage auprès de son mentor. Bien qu’il ne lui vouât pas un culte, il respectait et priait également Brigit.
A la perte de sa jumelle, il s’est détourné des divinités liées à son art pour favoriser certaines qu’il jugeait plus brutales et punitives envers ses ennemis.

Ainsi le druide s’est tourné vers Derga afin de puiser en lui une volonté inébranlable et une sauvagerie nécessaire à l’accomplissement de sa tâche.
Bien qu’il ait sombré dans la folie, Eòghan garde la tête froide en priant Donn en hommage à sa sœur disparu.

Il lui arrive quelque fois de rendre grâce à sa mère pour le don qu’elle lui a offert, les autres divinités restant sourdes à ses prières.
Malgré cette absence de réponse et les convictions du druide, il s’acharne à maintenir un rythme quotidien de prières afin de garder un semblant de foi qui l’empêchera, il l’espère, de devenir un monstre véritable, incapable de raisonnement.

Lien avec l’Autre Monde › Eòghan voit l’autre monde de deux manières. La première, comme une sorte de refuge, le druide aime le côté hétéroclite que représente cet endroit, les étrangetés que l’on peut y voir et les conversations qu’il est susceptible d’y avoir.
La seconde, comme une source de nourriture. En effet, Eòghan consomme régulièrement les fruits des feys pour conserver une certaine jeunesse et contrecarrer les effets vieillissants de sa magie, ainsi à l’âge de 87 ans, il n’en paraît que 50.

De nature solitaire, il se refuse à pactiser avec les feys y voyant une forme de confiance que son tempérament méfiant n’accepte pas.

Il ne reste qu’assez peu de personnes capables de parler d’Eòghan, du moins, de celui qu’il fût avant d’être celui qu’il est.
Vaughan, son mentor dort désormais du sommeil de l’éternel et sa sœur a quitté ce monde par les mains des sauvages et immondes chrétiens.

A 87 ans, il a eu le temps d’effacer toute trace de son ancienne existence, ne laissant derrière lui désormais que sa triste réputation.
Un druide noir, présage de tempête, annonciateur de mort, un faiseur de veuve, le dernier fils de Babd…

Le peu de choses connues peuvent rapidement se résumer, du moins si on en croit les récits entendu dans diverses auberges.

Il serait né dans la campagne irlandaise, fils de Babd et jumeau d'une fille, Eithlenn. La déesse aurait laissé l'éducation de sa progéniture à un barde nommé Vaughan.

Dans sa jeunesse, Eoghan aurait été tout l'inverse de ce qu'il est aujourd'hui, à l'exception de sa nonchalance et d'une certaine feignantise qu'il semble avoir conservé.
Un jeune druide doué dans son art malgré un côté un peu sauvage, très attaché à sa sœur avec laquelle il avait habitude de composer quelques ballades. Les deux étaient aussi insouciants qu'inséparables et passaient une bonne partie de leur temps sur les routes, en compagnie de Vaughan qui associait voyage et éducation.

Une légende ou une histoire, selon qui la récite, aime être racontée. Il se dit qu'un jour, lors d'un passage dans une petite bourgade, un incendie se serait déclaré dans l'une des demeures. Un incendie qui aurait tôt fait de réduire en cendre les diverses maisons bien trop rapprochées les unes des autres.
Le jeune druide en aurait alors fait appel a ses affinités avec l'air, soufflant sur les flammes un vent si violent qu'elles furent repoussées jusqu'à l'océan afin d'être noyée.

Quand à Eithlenn, il est dit que sa voix était capable de guérir tout les maux tellement elle était envoutantes, on en venait à oublier n'importe quelle douleur.

Bien sur, ce ne sont que des récits pour lesquels il est difficile d'en vérifier la véracité désormais...

Ce qui est sûr, c'est que le druide perdit la raison le jour ou sa soeur perdit la vie. Celle-ci, victime de la volonté de colonisation de la chrétienté, s'était opposé à un prêtre voulant "civiliser" quelques locaux. L'affrontement qui en découla marqua la mémoire de tout les présents et sa conclusion plus encore...

A compter de ce jour, le druide ne fut plus jamais le même et ainsi commença l'histoire d'Eoghan, le druide noir, entre prières et massacres, entre moments de vies et instants de morts, le récit d’un druide à l’âme désormais plus noire que sa magie.

« Dis Eo’, de quelle couleur est la pluie ? »

Une question posée avec toute l’innocence du monde qui le sortit de sa torpeur. Voila maintenant quelques heures que les jumeaux profitaient d’une après midi calme, leur mentor s’étant absenté pour une des nombreuses raisons qu’il ne dévoilait jamais. Les quelques rayons solaires réchauffaient une brise légère qui peinaient à soulever les mèches brunes et folâtres d’Eithlenn.

Eithlenn, la rêveuse des deux, l’idéaliste, celle qui avait le don d’apaiser les conflits par sa seule voix, par sa seule présence, elle était la lumière quand Eòghan était l’ombre…

« Hey Eo’, tu m’écoutes dis ? »

Ho ça oui il écoutait, il aurait passé des heures à l’écouter chanter ou même parler, à tel point que, comme à cet instant, il en oubliait sa propre voix et ses réponses.

« La pluie ? Je l’ignore … de la couleur du ciel ? »

Son sourire, il aurait fendu des mers en deux, caché le soleil lui-même derrière son éclat…

« Aucun progrès en poésie, zéro ! » Se moquait elle souvent. « Non, la pluie elle est… »

Le tonnerre déchirant le ciel le tira de son sommeil. La pluie … la pluie tombait sur l’arbre contre lequel il s’était endormi. Il passa sa main sur son visage fatigué, poussant un long soupir. Un rêve, rien qu’un rêve. Le druide voyait dans les rêves un royaume à part, un royaume inaccessible, le seul endroit pour lequel il sacrifierait le monde ne serait-ce que pour y rester quelques heures… Quelques heures avec elle.

Le druide se releva avec nonchalance et porta ses iris vers les cieux, quelques secondes il contempla l’orage et apprécia la fraicheur de la pluie qui lavait son visage et ses mains. Ses songes laissaient place à ses souvenirs, à sa funeste mémoire qui tordit ses lèvres en un rictus malsain.

Debout, immobile, il entend le silence, le silence qui précède la symphonie.

En premier, les percussions, les doux crépitements d’un feu de fureur, les éboulements des bâtisses en bois si fragiles.
Viennent ensuite les cors, un vent de vengeance sifflant sur une terre désolée, s’engouffrant entre les flammes et les ruines.
Apparaissent alors les cuivres, les pleurs et les cris rythmant l’infernale mélopée orchestrée par le plus macabre des bardes.

Ses doigts se meuvent au rythme de cette musique qu’il apprécie tant et tandis qu’il la dirige, ses pas le mènent quelques mètres en arrière, jusqu’à une pile de cadavre soigneusement mis en avant par rapport à d’autre, un monument au goût provocateur et sinistre.
Sa main vient quérir ses trophées, quelques reliques impies qu’il garde accrochées à l’intérieur de sa cape, les croix de la rédemption disent-ils…Probablement la chose la moins fausse qui puissent sortir de leurs bouches.

Avec lenteur et méticulosité, il trempe les fétiches dans le sang de leurs propriétaires avant de s’en détourner, quittant ce village qu’il jugea, sommes toutes, fort sympathique.

« Eo’, de quelle couleur est la pluie ? »
…
…
« La pluie… La pluie est rouge. »